Critique de l'album The God Machine de Blind Guardian § Albumrock (2024)

La carrière de Blind Guardian est marquée par une évolution qui accentue, palier par palier, la dimension symphonique, orchestrale et Metal-progressive de leur musique. Ainsi, The Ninth Wave en 2015 comportait de longues pièces épiques et complexes aux arrangements très riches, bien éloignés des albums brutaux et speed des années 1980, et l’aboutissem*nt de cette dynamique semblait avoir été trouvé dans la composition d’un album uniquement orchestral, c’est-à-dire sans aucune caractéristique esthétique Metal même au niveau instrumental (il n’y a pas de guitare électrique), avec Legacy of the Dark Lands (2019) aussi ambitieux qu’il avait laissé sur le côté de nombreux amateurs.


Que faire après cela? Depuis au moins 2018, Blind Guardian avait annoncé qu’il avait en soute cet album intégralement orchestral (en réalité mijoté depuis les 1990’s), et, parallèlement, un ouvrage beaucoup plus Heavy, brutal, speed, parfois extrême, en rupture avec leurs dernières productions. Magnifique comme à l’habitude, la pochette constituait déjà une première porte d’entrée évoquant cette volonté de proposer quelque chose en contraste avec les dernière productions, et si la créature regarde du même côté que celle de Legacy of the Dark Lands, les couleurs très pâles comme le style du dessin (il s’agit d’un nouvel illustrateur) nous entraînent dans un tout autre univers. L’autre avant-goût, musical cette fois-ci, avait été apporté par les singles promotionnels, trois témoignages d’un album résolument metallique.


Nous avions pourtant été un peu circonspects au moment de leur sortie, notamment par "Deliver US from Evil" qui est certes un bon morceau ayant le mérite de poser les bases de The God Machine (question violence, surtout à la batterie) mais assez peu inventif au regard de leur discographie – du pur Blind Guardian garni d’automatismes dans la composition, notamment sur le refrain ou certains ponts à la guitare avec les effets traditionnels. Le solo par contre, s’inscrit glorieusem*nt dans la veine des shredders du Metal progressif, et impressionnera le chaland. Même reproche pour le long "Secrets of the American Gods", qui coche toutes les cases pour séduire le néophyte tant il est excessif et avouons-le, bien composé, mais qui ne pourra pas provoquer davantage chez les fans que le simple sentiment – fort agréable du reste – de retrouver son groupe en studio sans plus d’exaltation (certaines lignes mélodiques ont même un goût de déjà entendu). Troisième single, "Blood of the Elves" était explicite dans sa façon d’exprimer la volonté esthétique du groupe: retrouver leur fougue speed-Metal d’antan sans perdre leur côté épopée heroïc-fantasy.


Pour autant, même dans ce dernier registre, l’album réserve des surprises plus pertinentes que ce titre promotionnel, notamment "Damnation" qui, après une introduction atmosphérique, libère toute la violence dont le groupe est capable avec vélocité et emphase sur les refrains très prenants tant ils sont épiques, de même que le solo plein de nuances vaut également l’écoute. Preuve d’un album assez extrême dans son approche, "Violent Shadows" poursuit cette veine jusque dans un passage susurré à la limite du guttural, et s’avère surtout intransigeant en termes de vitesse, de riff, de rythmique ou de solo. En outre, "Architects of Doom" mélange les côtés progressivo-épiques avec cette robustesse retrouvée.


Autre réel coup de maître que les aficionados salueront à coup sûr, le plus progressif "Life Beyond the Spheres" (on remarquera le jeu de mots avec leur dernier album live en date). Il s’agit d’un mid-tempo qui évoquera par moment "Kashmir", volontiers épique, et renforcé de quelques incrustations électroniques de très bon aloi. Le final "Destiny", assez progressif également, notamment par ses variations rythmiques entre binaire et ternaire, est d’une belle densité avec des idées mélodiques remarquables.


Il faut enfin évoquer le surprenant "Let It Be No More", dont les arpèges introductifs font plus penser à U2 qu’aux petites fantaisies de troubadours habituelles. Le titre est au contraire très moderne dans son approche, ses sonorités, et très pop car, quand les grosses guitares débarquent on est clairement dans un slow à la Scorpions - leurs ancêtres sur la scène allemande.


Blind Guardian a donc choisi une approche plus metallique que dans ses derniers travaux, assez speed par moment, sans que ce nouvel opus ne constitue un retour en arrière car la production comme les sonorités sont résolument modernes. Il est possible que The God Machine fasse date dans leur discographie, ce qu’on ne pourra établir qu’à l’écoute de leurs futures productions.


A écouter: "Damnation", "Life Beyond the Spheres", "Destiny"

Critique de l'album The God Machine de Blind Guardian § Albumrock (2024)

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